jeudi 2 mai 2019

PROUST: LA MADELEINE ET LA MÉMOIRE





L'écrivain Marcel Proust (1871-1922) explique dans son oeuvre La  Recherche du Temps Perdu  sa théorie de la madeleine.

La Madeleine cristallise la théorie proustienne de la mémoire : enfant, sa tante donnait à Marcel de petites madeleines trempées dans du thé. Adulte, il se rend compte que le fait de manger à nouveau une madeleine fait resurgir le contexte de son enfance.

La madeleine et la mémoire :

La madeleine est le symbole de ce passé qui surgit de manière involontaire. Quand il mange la madeleine les souvenirs de son enfance viennent a sa mémoire grâce à l'odeur, la saveur c'est à dire grâce aux sensations.  Un paysage, une saveur, un objet etc vont déclancher dans notre cerveau un souvenir.

Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.

                                              ADAPTATION

                                                       MA MADELEINE À MOI
Nous avons tous notre petite boîte de souvenirs et de même que l'écrivain Proust nous aussi nous avons  notre "madeleine" à nous. C'est à dire un objet, une odeur, une saveur, une couleur etc qui déclanche dans notre cerveau des souvenirs qui nous relient à notre passé, à notre enfance. Une chanson qui nous transporte aux fêtes pendant les vacances d'été dans notre village, un parfum qui nous fait penser à quelqu'un, un plat qui nous rappelle le repas de Noël en famille...
Ma passion pour les chats remonte à mon enfance. Quand j'étais petite j'habitais dans une maison avec beaucoup d'espaces verts où il y avait beaucoup de chats. Je les adorais et je passais mon temps à jouer avec eux et maintenant chaque fois que je caresse Zoumba -cette petite boule de poils qui me tient compagnie-, chaque fois que je l'entend ronronner blottie sur mes jambes, viennent à moi plein de souvenirs de mon enfance: l'été au bord de la piscine, les promenades en vélo, marcher pieds nus sur la pelouse, les soirées d'été où on cherchait des lucioles... Mais elle me fait penser surtout à tous ces petits chats qui tourneaient autour de moi, qui me suivaient de partout et avec qui je passais mon temps à jouer.




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